Environnements inadaptés, manque d’équipements, relations parfois tendues avec les bénéficiaires et leurs proches, horaires morcelés… Dans un rapport publié le 27 novembre, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-Osha) met en lumière les « défis uniques » auxquels sont confrontés les travailleurs du secteur des soins à domicile.
Ces défis tiennent d’abord à la multiplicité des risques auxquels les aides à domicile sont exposées. L’Agence en distingue trois grandes catégories.
Des risques musculo-squelettiques omniprésents
Les troubles musculo-squelettiques arrivent en tête. Ils s’expliquent par la nature physiquement exigeante des gestes professionnels, aggravée par des domiciles souvent peu adaptés et un faible contrôle sur l’organisation du travail. Lombalgies, douleurs d’épaule et cervicalgies figurent ainsi parmi les pathologies « très fréquentes » dans la profession.
Des risques psychosociaux massifs
Deuxième volet : les risques psychosociaux. Charge de travail importante, pression temporelle, horaires rigides et fragmentés créent un sentiment de perte de contrôle, pouvant aller jusqu’à des conflits liés à l’impossibilité de garantir des soins conformes aux exigences professionnelles.
S’y ajoutent des relations interpersonnelles parfois complexes avec les clients et leurs familles, des risques de violence ou de harcèlement amplifiés par l’isolement, ainsi que la précarité de l’emploi. Résultat : anxiété, stress, épuisement professionnel et fatigue émotionnelle sont fortement répandus dans le secteur, alerte l’EU-Osha.
Des risques physiques, chimiques et biologiques
Les travailleurs sont également exposés à des risques physiques (glissades, chutes, accidents lors des déplacements entre domiciles), chimiques (produits d’entretien) et biologiques (exposition à des agents infectieux, piqûres, contact avec des fluides corporels).
Un secteur difficile à protéger
Au-delà des risques eux-mêmes, l’EU-Osha souligne la difficulté d’appliquer des stratégies standardisées de prévention dans un secteur marqué par la diversité des domiciles et l’isolement des professionnels.
Pour y remédier, l’Agence recommande notamment :
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l’utilisation d’outils numériques pour repérer et gérer les risques,
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l’implication des patients dans ces démarches,
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la création de petites équipes autogérées pour rompre l’isolement,
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le renforcement de la formation,
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l’adoption d’horaires plus flexibles,
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et le déploiement d’aides techniques (lève-personnes, chaises de transfert, supports lombaires…).
Un secteur en pleine expansion mais en tension
Ces solutions deviennent urgentes : le secteur connaît une croissance rapide sous l’effet du vieillissement de la population et du besoin croissant en soins de longue durée.
Pourtant, il demeure l’un des moins bien rémunérés de l’Union européenne, ce qui accentue la pénurie de personnel et favorise le recours à des travailleurs informels ou employés de maison, souvent dépourvus de protection légale.