La DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) vient de publier un rapport intitulé "Disparités d'exposition aux facteurs de pénibilité en milieu professionnel et inégalités sociales de santé". Celui-ci indique que, malgré quelques travaux récents en France sur la thématique de la pénibilité, les liens entre intensités de la pénibilité et inégalités de santé méritaient d’être étudiés de plus près, d’autant plus que la question de la pénibilité est au cœur des débats actuels de santé publique et des réformes des retraites. 
L'objectif de ce rapport de la DARES est d’avoir une vision globale sur la question des expositions aux facteurs de pénibilité et des inégalités de santé associées, tout en analysant les mesures déjà mises en place pour limiter les risques et celles qui pourraient être les plus pertinentes à renforcer.
Il vise à compléter, affiner et également actualiser les résultats existants à partir de l’exploitation de plusieurs enquêtes nationales pour analyser les disparités et le cumul des pénibilités au travail et leurs impacts sur les inégalités de santé. En effet, malgré la prise de conscience des pouvoirs publics et la synergie entre les acteurs nationaux pour la prévention des risques professionnels et des conditions de travail pénibles, plusieurs interrogations persistent, et notamment un certain nombre qui appellent à des réponses quantitatives : quelle est la proportion de salariés exposés aux différents risques professionnels ? Quelles sont les catégories de salariés les plus exposés sur leur lieu de travail ? Quelle est l’ampleur du cumul des facteurs de pénibilité et quels salariés sont les plus concernés ? Quel est l’impact de ces facteurs de pénibilité sur la santé ? La mise en place de plans gouvernementaux en matière de santé publique et de santé au travail se concrétise-t-elle réellement par un recul des expositions ?

Les résultats de l'enquête indiquent par exemple :

• que certains emplois et profils de salariés ont tendance à cumuler les différents facteurs de pénibilité : ouvriers, travailleurs de nuit et travailleurs en équipes successives alternantes, jeunes travailleurs... Il faut d'ailleurs noter que ces inégalités sont dues aux expositions professionnelles, mais qu'elles sont aggravées par d’autres risques pour la santé (tabac, alcool, mauvaise alimentation) plus présents chez ces populations d'ouvriers, par exemple, justement.
• une association forte entre risques d’état de santé altéré et expositions aux contraintes physiques marquées (manutention manuelle, postures pénibles, vibrations mécaniques) ou à un environnement physique agressif (exposition à des agents chimiques dangereux, à un travail en milieu hyperbare, à des températures extrêmes ou au bruit).
• des durées cumulées d’arrêt maladie beaucoup plus longues en cas d'accident de travail ou de maladie, pour les travailleurs de nuit que pour ceux qui travaillent de jour.
• l'accentuation du nombre de jours d’arrêt maladie (hors accident du travail et maternité) des salariés exposés au port répété de charges lourdes ou aux vibrations mécaniques entre 2010 et 2017.

En conclusion, les principales inégalités de santé entre salariés exposés et non-exposés perdurent en dépit de politiques de prévention mises en place.